Dans un Ikebana, le premier élément est l’espace.
Pour que nous puissions voir et nommer ce qui est transparent à nos yeux, il nous faut lui opposer ce qu’il n’est pas.Pour faire apparaître la vérité de la nature dans votre vase, il ne faut ni trop de vide, ni trop de végétaux. Ici vous comprenez que « l’ikebana n’est pas dans ce que vous ajoutez dans la composition, mais dans ce que vous en retirez ».
l’Ikebana, patrimoine culturel du Japon 日本
Au 日本 (Nippon = là où naît le soleil), autant les femmes que les hommes, pratiquent un art floral sobre et silencieux, appelé Ikebana (traduit par « fleurs vivantes »).
Né en Chine, comme de nombreuses disciplines artistiques, les principes philosophiques et de composition inspirés du taoïsme ont été absorbés et raffinés au goût japonais il y a plus de six-cents ans.
Pourtant, l’Ikebana est reconnu patrimoine culturel immatériel par le gouvernement japonais seulement depuis décembre 2024.
Après des siècles d’évolutions, voici l’Ikebana face à une nouvelle étape à la fois de reconnaissance et de développement.
L’enseignement de l’Ikebana au Japon
Un peu partout sur l’archipel, cet art floral est transmis dans des dizaines d’académies structurées, aux côtés de centaines de dōjōs. Il existe aussi des classes locales dans des temples ou chez des maîtres, des artistes indépendants, ou tout simplement en famille.
L’Ikebana est un art vivant comme tout art floral il y a des formes traditionnelles codifiées aux côtés de créations contemporaines inspirées d’autres cultures. Des pièces artistiques monumentales et des arrangements déposés à l’entrée du logis réalisé par vôtre hôte.
Aussi les résultats des requêtes “d’images d’Ikebana” dans les moteurs de recherches peuvent nous surprendre. Il faut un peu du temps pour entraîner notre regard à capter les critères communs retenus pour cette appellation “Ikebana”.
Qu’est-ce qui caractérise l’Ikebana ?
Ce que l’on remarque en premier dans l’Ikebana c’est l’utilisation du vide comme élément essentiel. En incluant la mise en scène de l’espace creux autant que la présence des végétaux on parvient à créer des sensations de perspectives et profondeurs que l’on retrouve dans le sumi-ē, les estampes, les jardins, l’architecture…
La seconde caractéristique qui interpelle est la composition en asymétrie. Un triangle produit des effets de dynamique et de hiérarchie. Le jeu des proportions inégales entre les branches, les fleurs, le vase, l’environnement, et le vide invite le regard à circuler continuellement d’un point à un autre.
Ce qui pourrait être perçu comme du chaos va en fait trouver son équilibre par une harmonie organique faisant écho à la nature.
Un arrangement floral célèbre la nature et la Vie. Tous les matériaux naturels sont utilisés. On ne rejettera pas une feuille abîmée, séchée, une branche marquée par la météo, des fruits.
Certaines écoles sont attachées plus que d’autres à n’utiliser que les fleurs d’un même lieu et de saison. D’autres cherchent à reproduire une impression de paysage ou sont radicalement minimalistes, expressives. Ces derniers procèdent davantage comme des peintres et sculpteurs contemporains.
La qualité et le choix du ou des vases jouent un rôle très important, ainsi que tout l’espace environnant. L’arrangement se construit à l’endroit même où il restera exposé. Et la plupart du temps, ce type de composition ne se regarde que d’un point de vue : depuis l’endroit même où il a été réalisé.
Autre point distinctif : l’Ikebana est pratiqué en silence. C’est ce qui lui donne cette forte dimension d’art contemplatif au-delà du décoratif. C’est plus facile de rester centré sur ce que l’on fait dans une atmosphère de paix. On ralentit naturellement et on devient plus précis. Une sensation d’appréciation du moment présent permet de prendre le temps d’observer chaque élément passant dans nos mains. Tout cela transparaît dans le résultat de la composition.
Le Kadō, la Voie des fleurs.
Nous parlons ici de « Dō, Dào (Voie) des fleurs (Ka) » parce qu’à travers nos gestes posés nous cultivons notre qualité d’attention et de pleine présence appelée méditation en action.
Tout en étant en mouvement nous développons notre calme intérieur. L’humilité grandit. Nous augmentons l’espace entre nos pensées nous permettant d’observer, ressentir, apprécier, agir autrement que selon nos circuits et schémas habituels.
Ce faisant, nous avons alors accès à cette clarté instinctive et intuitive de ce qu’il y a lieu de faire ou non dans chaque situation.
Ici, nous n’avons pas à créer du « beau » ou « faire de l’art ».
Aucun talent particulier n’est en jeu dans ce type de compositions.
L’élégance se fait de soi-même devant nous, en apprenant à voir, à équilibrer les éléments, révéler l’essentiel.
Mettre en lumière ce que la nature a à nous dire sur elle-même nous ramène en miroir à nous-même !
Élève de Marcia Wang-Shibata* et d’autres écoles d’ikebana depuis plus de 15 ans, je vous guiderai dans cette approche peu connue de l’art floral contemplatif simple et direct, appelé Kadō, le Dào des fleurs.
Dates des ateliers et stages dans la page AGENDA.
Mme Marcia Wang Shibata, fondatrice de l’école Kadō-Ikebana est d’origine chinoise, veuve de Kanjuro Shibata Sensei XX, facteur d’arc de l’empereur du Japon.
Tous deux furent des disciples et amis très proches du maître Tibétain Chögyam Trungpa Rinpoché, les amenant à retrouver l’essence et l’authenticité de leurs enseignements respectifs : le Kadō, la voie des fleurs et le Kyudō, la voie de l’arc.
J’ai été formée comme instructrice dans ces trois écoles depuis plus d’une quinzaine d’années. Ainsi que dans d’autres écoles associant les fondements authentiques de l’art floral taoïste et son symbolisme traditionnel japonais avec la créativité sans frontières contemporaine.
M. Jozef Prélis est parmi mes professeurs et amis clés dans mon parcours. Maître de l’école Ohara (titre obtenu au Japon où il a vécu plusieurs années), il a également étudié avec Marcia Wang-Shibata et dans l’école Sogetsu.
Il compte beaucoup dans la continuité de mon approfondissement de cet art floral millénaire autant que le développement de mon autonomie vis-à-vis des styles académiques.
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